A Toulouse, au Havre, à Saint-Calais (72) ou à Reims, des infirmier.e.s ont choisi de se donner la mort. La cause : une organisation du travail qui provoque une insupportable souffrance au travail.
Malgré ces dramatiques signaux d’alerte, le ministère reste sourd et aveugle : il continue en planifiant la suppression de 22 000 postes sur trois ans dans les hôpitaux, la marchandisation de la reconnaissance des professions de santé et « l’ubérisation » de leur statut. 22 000 postes sur trois ans dans les hôpitaux, la marchandisation de la reconnaissance des professions de santé et « l’ubérisation » de leur statut. Il y a quelques années, cette gestion, tout aussi brutale chez France-Télécom (devenu Orange), avait entraîné une vague de drames humains.
Dans la Fonction publique hospitalière, ce choix délétère intervient sur une situation déjà très dégradée par l’application d’une logique purement financière, niant à la fois l’essence de la fonction soignante et les attentes des patients. Depuis le plan Hôpital 2007, suivi par la loi HPST (Hôpital-Patients-Santé-Territoires) en 2009, nous assistons à des attaques contre notre système de santé. Les hôpitaux publics sont particulièrement visés. La loi santé de janvier 2016, qui crée les GHT (Groupements Hospitaliers de Territoire), prévoit la destruction des hôpitaux périphériques en mutualisant les personnels, en réorganisant les services de soins, en restructurant et fermant des lits, en hyper concentrant les pouvoirs et les lieux d’activité.
Tout ce qui fait sens pour l’engagement des professionnel.le.s de santé a été bafoué par :
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L’augmentation constante d’une charge de travail pourtant déjà écrasante et d’une pénibilité désormais non reconnue, (relevé récemment par l’IGAS et l’IGA ),
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La flexibilité et les horaires atypiques qui ravagent les vies familiales et isolent chaque professionnel.le,
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Interchangeables, les soignant.e.s sont devenu.e.s de simples pions : leur expertise acquise est niée.
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Les conditions de vie précarisées par des années de blocage du point d’indice, les qualifications très mal reconnues, sont des maltraitances infligées aux professionnel.le.s déjà très exposé.e.s à la souffrance d’autrui.
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Parmi l’absence globale de reconnaissance des personnels ouvriers, techniques et administratifs, notons, particulièrement, celle de la filière soignante et infirmière.
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Une organisation du travail autoritaire écrasant le dialogue social en berne, au ministère comme dans les établissements de santé.
Tous les voyants sont au rouge !
L’hôpital est synonyme de maltraitance pour les patient.e.s, pour les soignant.e.s. Face à un ministère qui accorde plus d’importance à des vitres cassées ou à des histoires de « Pokémons », qu’à ses soignant.e.s Face à l’abandon de l’intérêt porté aux personnels par les tutelles au profit d’une logique marchande, les soignant.e.s ne doivent pas s’isoler. Elles/Ils doivent reprendre confiance en l’action collective qui seule peut casser le cercle vicieux mortifère induit par ce changement de modèle. Il est urgent de se réunir au sein des syndicats qui ont été source d’avancées sociales et professionnelles afin de regagner la fierté de sa profession et les moyens de bien faire pour une légitime reconnaissance.
Chaque drame au sein de la communauté des soignant.e.s est une tache indélébile de honte pour notre société. Après un été où les soignant.e.s ont été durement exposé.e.s et fortement sollicité.e.s, la rentrée s’annonce difficile. Les décideurs politiques sont obnubilés par les prochaines élections présidentielles plutôt que par l’amélioration des conditions de travail dans le secteur de la santé. Nous appelons les soignant.e.s à rejoindre toutes et tous leurs camarades qui luttent à la CGT pour défendre leur vie professionnelle et personnelle, pour peser fortement dans les débats pré électoraux dont ils sont les grand.e.s oublié.e.s. L’investissement local avec le syndicat CGT permet de retrouver un soutien face au mal-être et faire avancer l’intérêt et l’écoute des soignant.e.s, afin que cessent les drames au sein de leur communauté.