Le travail de nuit

L’homme est un animal diurne

Les rythmes biologiques chez les êtres vivants sur terre sont surtout dus à l’alternance lumière/obscurité (jour/nuit). La grande majorité de paramètres physiologiques et psychologiques présentent un rythme de 24h = le rythme circadien. Chez l’homme ce rythme est dirigé par l’horloge circadienne (sécrétion d’hormones, violence, etc.) et n’est pas modifiable sans effet. Les rythmes biologiques persistent même en cas d’isolement temporel total, ils se décalent très lentement et difficilement. Ils sont synchronisés par l’horloge « interne » mais également des synchroniseurs externes, certains très puissants comme la lumière, les contacts sociaux, les rythmes alimentaires, les horaires de travail…
Le décalage de ces rythmes subis par l’organisme dans le cadre du travail de nuit a donc des effets sur la santé des salariés. Par conséquent, on ne peut pas nier que le travail de nuit a forcément un impact sur la santé. Heureusement, il est possible de limiter et prévenir certains de ses effets délétères.

Un peu de réglementation

 Le travail de nuit doit être pris en compte dans le cadre de la prévention de la pénibilité (décret n° 2011-354 du 30/03/2011).
 Définition du travail de nuit : les horaires de nuit sont compris entre 21h et 6 h du matin. Pour que le poste soit considéré comme comprenant des horaires de nuit, il faut travailler au moins 3heures entre ces heures-là et 270 heures par an.

 Le temps de travail maximum autorisé en travail de nuit est de 44h par semaine (pour un roulement 5/2 et 50h lors des semaines longues).
 Les temps de pause sont un droit et considérés comme du temps de travail effectif. Si matériellement elles ne peuvent être prises, venez nous en parler car même si ces temps ne sont pas cumulables et récupérables ultérieurement, des solutions compensatrices sont possibles.
 La « sieste nocturne » : temps de repos allongé au calme, d’une durée de 30 à 50 mn pris entre 1h et 4h sur le temps de travail.
 Un rapport du Conseil Economique Social et Environnemental de 2010, la juge bénéfique tant pour la vigilance que pour l’efficacité. Elle permet une diminution de 50% des erreurs d’attention, et de réduire la dette en sommeil. Il doit cependant toujours rester un travailleur éveillé par service.
Une salariée « en état de grossesse » peut bénéficier d’un changement temporaire d’affectation dont les conditions sont prévues aux articles L.1225,9 du code de travail. Ce rapport de 2010 est une référence officielle de par l’état des lieux des connaissances sur le sujet qu’il fournit et les préconisations qu’il propose aux employeurs (et salariés du coup !). « Le travail de nuit : impact sur les conditions de travail et de vie des salariés », projet d’avis, présenté au nom de la section du travail par M. François Edouard, rapporteur. Conseil économique social et environnemental, 30 juin 2010.
Il est consultable et téléchargeable à cette adresse : www.ladocumentationfrancaise.fr/rapports-publics/104000435/

Quelques préconisations du rapport de 2010, et des orientations soutenues par la CGT

• ne pas calquer la charge de travail et l’organisation des plannings de jour sur les postes de nuit.
• certains cycles sont moins néfastes pour la santé :
– rotations dans le sens horaires et courtes
– 2 nuits consécutives maximum (pour ne pas impacter les rythmes biologiques)
– donner les repos compensateurs au plus près
• aménager un créneau autour de 2 heures du matin pour une « sieste nocturne »
• favoriser la formation professionnelle
• aménager les fins de carrière.
• Prévoir un repos minimum de 11 heures.
• Insérer des pauses appropriées pour le repos et la sieste.
• Adapter l’environnement lumineux ﺟ► une exposition lumineuse de forte intensité, pendant la première moitié du poste de nuit aura pour effet de retarder l’horloge biologique et de lui permettre de se synchroniser au travail de nuit et au repos de jour. C’est à combiner avec une diminution de l’exposition de la lumière après le poste de nuit, en particulier au retour à la maison.

Le sommeil

C’est un besoin physiologique vital, à peu près constant en durée à partir de 20 ans et jusqu’à un âge avancé.
Ce besoin est individuel, mais la grande majorité des êtres humains a un besoin en sommeil de 7h30 par 24h.
Il existe des gens « du matin » et des gens « du soir », ces derniers supportant plus facilement le travail de nuit.
La dette de sommeil : si le besoin en sommeil n’est pas respecté, il se crée une dette. Cette dette est calculée comme suit : [besoin de sommeil x7] h – [durée de sommeil réel (nuit + siestes ou sommeil diurne)] h = dette en sommeil (exprimée en heures).
Pour un sujet de moins de 40 ans, ½ nuit de dette est acceptable, au-delà, la santé est impactée.
Cette dette est « payée » (dégradations physiologiques) dans la semaine qui suit. Bonne nouvelle, s’il n’existe pas de dette en sommeil, le travail de nuit est plutôt bien toléré.
Toutefois, il ne faut pas occulter qu’il existe des effets du travail de nuit sur la santé
À court terme :
Troubles de la qualité du sommeil : endormissement, phases…
Troubles digestifs : constipation reflux gastro-œsophagien, alimentation anarchique…
Troubles psychiques : stress et fatigue chroniques, états dépressifs…
Troubles cognitifs : problèmes de concentration.
À long terme :
Troubles cardio-vasculaires

Risques féminins spécifiques :
Baisse de la fécondité, augmentation du risque de cancer du sein, chez la femme enceinte : hausse du risque de fausse couche et du risque de retard de croissance fœtale

Troubles métaboliques : prise de poids…

Conseils, alimentaires et diététiques pour prévenir et limiter ces effets néfastes :

 Manger « normalement » dans la journée (en particulier prendre un repas complet avant la prise de poste)
 Garder le petit déjeuner, même léger
 Prendre une collation (pain+protéines) entre 2h et 4 h du matin
 Bien s’hydrater (plus d’eau que de café ou de thé !) toute la nuit
 Se coucher « vraiment » en rentrant (dans son lit, au calme, dans l’obscurité, sans être sollicité)
Remarque : une douche chaude réveille (en augmentant la température corporelle), une douche fraîche favorise l’endormissement.

Pour en savoir plus :

www.inrs.fr
www.institut-sommeil-vigilance.org
www.inest.qc.ca
www.svs81.org
www.douglas.qc.ca/
http://sommeilm.univ.lyon1,fr
www.sfms.org

Rapide à lire :

www.travailles-mieux.gouv.fr

Imprimer cet article Télécharger cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *