COMPTE RENDU DU CHSCT EXTRAORDINAIRE « SERVICE D’UROLOGIE »

Le 11 août dernier, la CGT adressait à la direction un courrier CHSCT dénonçant les conditions de travail très dégradées de l’équipe paramédicale en grande souffrance, dans le contexte du décès brutal d’une de leur collègue. Après avoir échangé avec les membres de l’équipe, nous avons demandé en intersyndicale la tenue d’un CHSCT extraordinaire.

Lors de ce CHSCT, les personnels en nombre sont venus témoigner de leurs conditions de travail et de leur souffrance. Ils nous ont décrit un sentiment d’insécurité et d’abandon, la sensation de travail inachevé voire quelquefois l’impression d’être maltraitants. Cette équipe a exprimé d’importantes contraintes associées à une intensification de leur charge de travail ce qui a entrainé un profond malaise générateur de risques psychosociaux…

Notre demande de CHSCT extraordinaire avait pour vocation de faire la lumière et de trouver des solutions pérennes pour améliorer les conditions de travail des personnels et la prise en charge des patients, ainsi que de renouer une communication entre les personnels paramédicaux et médicaux.

Au niveau de l’organisation médicale
Les professionnels paramédicaux ont soulevé l’absence régulière de l’interne dédié au secteur et de prescriptions médicales signées et horodatées qui non seulement génèrent un sentiment d’insécurité et des retards pour la prise charge des patients mais engagent aussi la responsabilité des professionnels. A noter également l’absence de documents de sorties/patients qui sont particulièrement chronophages.

La CGT a rappelé que la présence de l’interne du secteur était indispensable afin d’éviter ces écueils, qu’il était primordial d’établir une charte de fonctionnement en rappelant les devoirs de chacun et la nécessité d’agencer des temps de concertation entre médecins et paramédicaux qui devront aboutir à la rédaction des protocoles de soins réclamés depuis des années par les soignants de cette unité.

Concernant la présence médicale au staff du jeudi, il semblerait que tous les chirurgiens n’y participent pas alors que s’y joue la programmation et la gestion des lits pour la semaine suivante. Sur ce point, l’encadrement de proximité ne serait pas toujours entendu. Le flux important du nombre de patients programmés semble inadapté aux capacités d’accueil du service ainsi qu’aux effectifs dédiés.

Par ailleurs, la fermeture annuelle de l’UCAA dans le contexte post-COVID a entrainé une surcharge de travail y compris logistique ainsi qu’un afflux d’hébergements et de mutations précoces en lien avec la fermeture de lits au DAR A. Cela entraine la prise en charge très précoce de patients « lourds » à risque de décompensation. Soulignons que l’équipe d’urologie a beaucoup donné et qu’aucun lit n’a été fermé sur ce secteur durant la période estivale…

Au niveau institutionnel
Nous avons souligné l’inadéquation des effectifs au regard de la charge de travail qui devra faire l’objet d’un étude de travail (comme cela a déjà été réalisé pour d’autres secteurs). La CGT a soutenu la demande de l’équipe concernant la mise à niveau des effectifs dont : 1 coupé AS et 1 coupé IDE en semaine pour soulager l’équipe, 2 AS et 2 IDE matin/après-midi le weekend ainsi que le recrutement d’un agent de nuit (congé de longue maladie non remplacé).

Afin de retrouver un semblant d’articulation vie privée/vie professionnelle, nous avons aussi porté le souhait de l’équipe de bénéficier d’un weekend de repos sur 2 en application du décret n°2002-9 du 4 janvier 2002.

Prévention des risques et accompagnement des nouveaux recrutés
L’ensemble de ces mesures contribueront à fidéliser les personnels. Les agents de cette unité ont besoin de retrouver de la stabilité, de la sérénité et se sentir en sécurité. Ils ont exprimé le souhait de participer pleinement aux réflexions qui entoureront la réorganisation de leur service, ce qui a été validé par le chef de service de l’unité.

La CGT a demandé qu’une réflexion s’engage pour l’ensemble des secteurs du CHU afin de définir un protocole d’accueil des nouveaux recrutés-diplômés et éviter ainsi des situations à risque. Ce drame nécessite des décisions fortes de l’institution afin qu’il ne se reproduise pas. Il est urgent de donner des moyens aux secteurs pour assurer un tutorat efficace. Les professionnels doivent pouvoir accompagner sereinement leurs nouveaux collègues durant une période définie incluant des temps d’échanges constructifs entre les différents membres de l’équipe et l’encadrement. Cela permettrait ainsi de relever les points positifs et ceux qui nécessitent un réajustement ou une aide et limiterait les sentiments ressentis par des professionnels inexpérimentés dans des secteurs en grande difficulté comme l’angoisse, l’insécurité voire l’impression d’être une charge pour l’équipe.

En fin de séance, la CGT a demandé que l’ensemble des propositions et le calendrier soient soumis au vote.

MESURES VOTEES A L’UNANIMITE EN SEANCE

  1. 1 poste d’IDE en renfort en urgence.
  2. 1 poste d’AS en renfort en urgence, en fonction des possibilités de recrutement.
  3. Courant septembre, mise en place d’un travail de réflexion autour de l’organisation du travail et des échanges entre les équipes médicales et paramédicales.
  4. Présentation pour validation au CHSCT d’octobre des mesures retenues par le groupe de travail.
  5. Suivi de la situation du service d’urologie à chaque CHSCT ordinaire jusqu’à fin 2020 voire 2021.
  6. Poursuite du suivi psychologique par la cellule de prévention des risques et de la médecine du travail.
  7. Mesures d’urgence : rappel de la réglementation concernant les prescriptions médicales qui doivent être horodatées et signées par le prescripteur.
  8. Gestion de la balance entre le nombre de patients et les effectifs.

Loin de vouloir instrumentaliser le décès d’un membre de l’équipe qui aurait pu être notre collègue ou pointer de l’index la communauté médicale, nous ne pouvons ignorer le contexte dans lequel ce drame s’est produit.
De nombreux dysfonctionnements et des carences organisationnelles ont été évoquées en CHSCT au travers des témoignages bouleversants des personnels.

Nous savons toutes et tous que comme l’urologie, d’autres secteurs subissent la dégradation des conditions de travail engendrée par la mutation de l’hôpital public-entreprise sous le coup des différentes politiques d’austérité.

Il est cependant du devoir de la direction de redoubler de vigilance face à tous les services en grande difficulté afin de protéger l’ensemble de ses personnels, soucieux d’assurer la sécurité des soins.

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