Les syndicats des psychiatres hospitaliers, les syndicats des personnels soignants, les psychologues du département de psychiatrie adulte et les responsables des secteurs psychiatriques non-universitaires s’inquiètent de la manipulation de l’information et du management autoritaire de la Direction Générale et des responsables du Pôle de psychiatrie.
Ceux qui prônent dans leur communication le bien-être au travail et la modernisation des pratiques usent malheureusement de méthodes d’un autre âge sur le terrain.
Après avoir fait l’impasse complète sur un travail de concertation concernant le projet de réorganisation de la psychiatrie montpelliéraine et face à l’indignation croissante de nombreux professionnels, la Direction Générale et la direction du Pôle ont organisé une conférence de presse le 20 juin 2018 afin d’imposer leur projet.
Pour ce faire, ils n’ont pas hésité à publier sur l’intranet une lettre ouverte trompeuse qu’ils ont également transmise à l’Agence Régionale de Santé avec l’objectif de convaincre les autorités de tutelle.
Selon eux, ce projet aurait été validé par la majorité des psychiatres du CHU et même par une association de malades jamais mentionnée jusque-là et appelée en renfort dans l’après coup.
La réalité est tout autre.
La Direction a simplement décidé de communiquer rapidement pour étouffer les critiques et les interrogations légitimes des professionnels plutôt que d’instaurer une vraie concertation attendue par tous.
La lettre ouverte publiée par « les psychiatres d’adulte du CHU » est en réalité destinée à fabriquer du consentement et à influencer non seulement les autorités de tutelle mais la presse, la population et les soignants eux-mêmes.
Hormis les initiateurs de ce projet, qui sont ses signataires ?
Tout d’abord, des praticiens des services universitaires de psychiatrie dont beaucoup entretiennent des liens de subordination avec les rédacteurs du projet, ensuite des psychiatres du Pôle des Urgences dont nombre d’entre eux ont un statut précaire ou provisoire et enfin un médecin n’appartenant ni au pôle de psychiatrie, ni même au pôle des Urgences, l’objectif étant de donner l’illusion du nombre.
Plusieurs de ces médecins auraient découvert leur nom au bas de cette lettre après publication et, compte-tenu des pressions exercées, seraient empêchés de tout démenti par crainte pour leur avenir professionnel.
Il se trouve cependant que la majorité des psychiatres titulaires de l’hôpital de la Colombière conteste les méthodes de management du pôle ainsi que ce projet élaboré sans eux.
Les responsables des cinq secteurs non-universitaires de psychiatrie de l’adulte ont refusé de signer cette lettre et plusieurs praticiens ont dénoncé par écrit ce qui se révèle comme une supercherie.
La réalité, c’est aussi que ni les psychologues, ni les cadres de santé, ni les équipes soignantes n’ont été invités à participer à l’élaboration collective de ce projet.
A cet égard, les psychologues de la psychiatrie de l’adulte ont interpellé la direction du Pôle et du Département pour dénoncer la brutalité de l’annonce et de la méthode.
Ils déplorent l’absence de sollicitation de leur profession et des autres acteurs du soin ainsi que la mise à l’écart des diverses instances propres à œuvrer à la vie institutionnelle de l’établissement.
On peut s’interroger sur des méthodes qui écartent tout dialogue interprofessionnel et qui organisent le clivage, génèrent l’insécurité professionnelle et provoquent l’incompréhension et la souffrance au travail chez les personnels concernés.
A ce propos, la manière dont les personnels de l’Unité de Traitement des Troubles Anxieux et Dépressifs (UTTAD) ont été sommés de se positionner sans délai en vue de leur réaffectation est assez édifiante.
Il est par ailleurs insupportable que des responsables pourtant éclairés fassent silence sur le manque manifeste de moyens dont dispose la psychiatrie publique montpelliéraine après des années d’inflation démographique et qu’ils organisent une redistribution de ces moyens de manière inéquitable entre les secteurs dont la disparition apparaît implicitement programmée.
Aucun praticien ou soignant raisonnable n’est opposé à la concertation et à la réflexion sur une réorganisation de la psychiatrie à Montpellier, bien au contraire.
Il est cependant inadmissible qu’un projet de restructuration aussi important soit imposé sans réflexion collégiale ni concertation avec l’ensemble des acteurs concernés et que le rapport préalable de la mission d’appui désignée par le directeur général soit tenu secret. Aucun professionnel n’a pu en prendre connaissance à ce jour.
Les signataires de ce communiqué demandent donc la mise en place d’instances de concertation interne et de réflexion collégiale conformément aux dispositions relatives à l’organisation et au fonctionnement des pôles dans la loi HPST (articles R6146-9 et R6146-9-1 – décret n°2010-656 du 11 juin 2010 – art. 1), sur un projet qui engage le CHU pour de nombreuses années, dans l’intérêt des patients, des soignants et de la population toute entière
Montpellier, le 29 août 2018.
SPH IDEPP
Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux Intersyndicale de Défense de la Psychiatrie Publique
Docteur Dorothée Passerieux Docteur Hélène Ho Quoc
CMH CPH
Coordination Médicale Hospitalière Confédération des Praticiens des Hôpitaux
Docteur Gérald Cuegniet Docteur Michelle Nègre
Collectif des responsables de Secteur Coordination des Psychologues du
non universitaire de Psychiatrie adulte Département de Psychiatrie adulte Docteur Jean-Luc Moulis Nelly Righi
CGT CHU Montpellier FO CHU Montpellier
Confédération Générale des Travailleurs Force Ouvrière
Françoise Gaillard Luc Maurel
CFDT CHU Montpellier
Jean-Laurent Mercadier