Psychiatrie: vers quelle prise en soin des patients ?

Peut-on dire que l’on prend soin des soignants lorsqu’on leur demande d’accueillir des patients en service d’hospitalisation complète alors que le secteur est déjà saturé ?
N’est-ce pas effarant d’utiliser les lits virtuels (lits réservés aux patients en chambre d’isolement) à d’autres fins?  Dans ce même contexte, peut-on prétendre prendre soin des patients ? Le bien-être de ceux qui soignent, pourtant cher à la direction (SIC), est ici relégué au second plan, au profit de la logique de rentabilité.

Ces dysfonctionnements ne laissent pas notre organisation syndicale indifférente. Pas question de rendre ordinaire ce qui est inacceptable !
En résulte donc des difficultés à soigner qualitativement ces patients, malgré le professionnalisme et le dévouement dont font preuve les soignants. En effet, ces derniers sont sans cesse dans l’obligation de bousculer leur organisation de travail, allant même jusqu’à suspendre leur temps de pause pour remédier à cet accroissement d’activité, et ce sans aucune reconnaissance !

 

Se pose enfin un problème d’éthique : comment faire sortir un patient d’isolement si sa chambre « classique » est occupée ?
Le CHU adopte admirablement le slogan « faire plus avec moins ». Soigner 22 patients avec des effectifs alloués pour 20 est déjà très compliqué mais soigner ce même surnombre en sous-effectif de soignants relève du miracle. En effet, ces situations ont tendance à se multiplier alors que les soignants exercent déjà leur profession à flux tendu (manque de personnel, absentéisme souvent lié à la dégradation des conditions de travail et pouvant conduire au burn-out, effectifs du pool de remplacement trop faibles, etc…).

 

L’institution n’a-t-elle pas d’autres choix que d’imposer ces dérives aux agents hospitaliers ?
Est opposé à cela le fait que l’hôpital public dont le CHU, a pour mission d’accueillir et de prendre en charge toute personne se présentant à l’hôpital. Il faudrait donc accepter sans sourciller ces dérives, sur l’autel du service rendu à la société. Il ne faut pas oublier les différentes politiques d’austérité décidées par les tutelles, dont l’ARS, qui ont multiplié les suppressions de lits et les fermetures de services de soins, comme par exemple, les unités prenant en charge les patients dits « chroniques », dans le seul but de rentabiliser cette médecine si singulière qu’est la psychiatrie.

Imposer à des équipes soignantes de travailler dans de telles conditions, revient à leur imposer de travailler dans l’insécurité (patients en surnombre et régulièrement en état de crise aigüe). Les patients ne sont pas mieux pris en considération par la direction, et ne sont donc pas respectés par ces conditions d’accueil.

 

Comment prendre soin de ces patients quand les soignants ont une charge de travail qui explose ? Comment être attentif à leur mal-être, surtout dans une spécialité où la « qualité » du soin est primordiale, où le temps dédié à l’observation et l’écoute du patient n’est ni quantifiable ni palpable et ne peut donc répondre à une logique comptable.
Il est temps de mettre un terme à ces dérives ! Des solutions existent pour remédier à des méthodes qui bannissent la bientraitance et la bienveillance. Il serait opportun de ré-ouvrir un service dédié aux patients « chroniques » qui « embolisent » les secteurs d’hospitalisation complète avec des moyens humains et financiers adéquats.

 

La mise en place des GHT va-t-elle  nouer des liens forts avec les autres centres hospitaliers et ainsi désengorger le site de la Colombière quand celui-ci est complet ?…. Ou augmenter la suppression de lits et organiser des déserts en soins publics de psychiatrie?
La création de postes supplémentaires de personnels soignants et formés (au lieu de chercher à en supprimer davantage) est indispensable pour un réel bien-être des patients et des soignants. Il serait souhaitable que nos directeurs soient aussi soucieux de la sincérité des comptes que de la qualité des soins et de vie au travail du personnel hospitalier.

La CGT revendique pour la psychiatrie

  • L’arrêt de toutes les restructurations, fermeture de lits et structures
  • Le retour à la situation antérieure pour les lits qui ont été fermés depuis des années,
  • Des moyens humains adéquats, et des équipes pluridisciplinaires formées,
  • La reconnaissance de la spécialité psychiatrique : spécialisation après le DE, assortie d’une rémunération ad hoc,
  • Une psychiatrie humaine.

 

La prise en soin et la finance ne sont pas compatibles.
La Direction souffrirait-elle d’un fractionnement de la pensée lorsqu’elle s’inquiète du bien-être des soignants au travail par le biais d’un questionnaire ou par la mise en place d’une table ronde intersyndicale ou la bientraitance des personnels sera abordée, pour ensuite agir de la sorte au quotidien ?

Que celle-ci se rassure, si c’est d’ambivalence dont il est question, elle pourra compter sur des soignants dévoués, passionnés, et consciencieux pour soigner ses symptômes !

Il est donc important de continuer à se mobiliser comme vous l’avez fait le 8 novembre pour dénoncer la dégradation de nos conditions de travail et faire reculer les décisionnaires !             

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